Il est plus ou moins à la mode de nos jours - comme c'est entre autres le cas aujourd'hui - d'organiser toutes sortes de festivités ou de concerts dans le but d'éliminer la pauvreté dans le monde. But certes louable et parfaitement libéral dans la mesure où il reste privé, mais le message politique qu'adressent certaines organisations alter-mondialistes accompagnant ce type d'initiatives l'est déjà beaucoup moins.

Ce message politique adressé au G8 et plus généralement aux pays du Nord développés se compose notamment du souhait d'instauration de la taxe Tobin, taxe prélevée sur les mouvements de capitaux et sensée servir d'aide aux pays pauvres. Ce discours en apparence "bisounours" est particulièrement fort, d'une part parce qu'il donne une fausse image de générosité à bon nombre d'hommes politiques la défendant - à l'exemple de notre cher président Jacques Chirac - tout en cachant une réalité qui est tout autre. Les quelques millions de dollars que rapporteraient une telle taxe ne serviraient non seulement pas à grand chose, compte tenu de l'état de pauvreté extrême dans laquelle sont plongés les pays du Sud, mais encore empirerait considérablement la situation. En effet, la seule conséquence certaine de l'instauration de la taxe Tobin serait une paralysie des mouvements de capitaux dans le monde, ce qui serait désastreux pour les PED, lesquels, trop pauvres, n'ont pas les moyens de rassembler une épargne suffisante pour pouvoir investir et donc se développer. A l'image dans dragons asiatiques, les PED ont et auront besoin de l'épargne des étrangers pour pouvoir investir, chose qui sera rendu très difficile par un quasi-arrêt des mouvements de capitaux à travers la planète.

J'ai par ailleurs été assez frappé de voir au journal télévisé la différence de point de vue existant entre certains militants africains et européens. Les premiers réclamaient un "commerce juste", en d'autres termes, le libre-échange - chose que le journaliste s'est bien gardé de dire - tandis que les seconds, tout en demandant l'aide aux pays en difficulté, réclament par ailleurs que l'on subventionne nos propres agriculteurs, ce qui est d'ailleurs d'ores et déjà le cas. Ce sont justement les subventions versées aux agriculteurs des pays du Nord par leurs Etats respectifs qui maintiennent les pays du Sud dans la pauvreté et l'exposition aux famines. Les subventions versées empêchent les agriculteurs du Sud, représentant une part considérable de la population de leur pays, de vendre leur production sur le marché mondial. On ne peut pas, comme le fait José Bové, demander tout et son contraire, à savoir, d'un côté des subventions et de l'autre l'aide aux pays pauvres. Entre vivre sur le dos des autres et instaurer un commerce juste avec les pays du Sud, il faut faire un choix. Si l'aide au Sud exploité - ce qui est, d'une certaine manière, bel et bien le cas, vu ce que je viens d'énoncer - doit se réaliser, que l'on abolisse donc le protectionnisme.