Libertarian Kids

mercredi 30 mars 2005

Etat de droit

(Article rédigé dans le cadre du projet Wikibéral)

Définition

Théorie d'origine allemande (Rechtsstaat), redéfinie par le juriste autrichien Hans Kelsen. D'après lui, un Etat de droit est un État dans lequel les normes juridiques sont hiérarchisées de telle sorte que sa puissance s'en trouve limitée.

Principes

  • Le respect de la hiérarchie des normes : les compétences des différents organes de l'État doivent être précisément définies et les normes qu'ils édictent ne sont valables qu'à condition de respecter l'ensemble des normes de droit supérieures. A savoir par ordre d'importance : la Constitution, suivie des engagements internationaux, de la loi, des règlements, puis des décisions administratives ou des conventions entre personnes de droit privé.
  • L'égalité des sujets de droit : tout individu, toute organisation, doivent pouvoir contester l'application d'une norme juridique, dès lors que celle-ci n'est pas conforme à une norme supérieure. L'État est lui-même considéré comme une personne juridique : ses décisions sont ainsi soumises au respect du principe de légalité, à l'instar des autres personnes juridiques. Ce principe permet d'encadrer l'action de la puissance publique en la soumettant au principe de légalité, qui suppose au premier chef, le respect des principes constitutionnels.
  • L'indépendance de la Justice : la doctrine de l'Etat de droit nécessite l'existence de juridictions indépendantes, compétentes pour trancher les conflits entre les différentes personnes juridiques en appliquant les principe de légalité et d'égalité. Cela implique un strict respect de la séparation des pouvoirs : seule l'indépendance de la Jusitce à l'égard des pouvoirs législatif et exécutif est en mesure de garantir son impartialité dans l'application des normes de droit.
  • Le contrôle de constitutionnalité : Une loi ou une convention internationale contraire à la Constitution doit ainsi être écartée par le juge et considérée comme non valide. Compte tenu du caractère complexe d'un tel contentieux, Hans Kelsen a proposé de le confier à une juridiction unique et spécialisée, ayant la qualité de Cour constitutionnelle.

Critiques

Le modèle de l'Etat de droit ne reste qu'un modèle théorique qui n'est jamais totalement efficient ou mis en oeuvre dans la pratique. D'après certains théoriciens comme Holcombe, tout Etat, même dictatorial, est un Etat de droit. Même la pire des dictatures est liée par certains procédures quand elle a affaire à ce qu'elle appelle des "cas sociaux", assassins, fraudeurs du fisc, esprits contestataires et autres catégories ou classes de citoyens considérées comme dangereuses. En Union soviétique, par exemple, le traitement des dissidents en asile psychiatrique était connu de tout le monde. Il faisait partie du "contrat social". S'ils respectaient les règles du jeu, les individus ordinaires n'avaient pas à craindre d'être envoyés en asile. S'ils se lançaient dans une protestation ouverte contre les autorités, ils savaient ce qui les attendait. Même dans les régimes les plus répressifs, les gouvernants suivent des règles de nature constitutionnelle qui garantissent aux citoyens que, s'ils obéissent à ces règles, ils ne seront pas poursuivis par l'Etat. Bref, même l'Etat le plus dictatorial n'échappe pas à la logique de l'échange protection contre tribut.

On peut noter que la conception de l'Etat de droit - orthographié avec E majuscule - n'a pas de sens pour les libéraux car, même si elle offre un certain nombre de garanties, le Droit élaboré par l'Etat relève fondamentalement du domaine du droit positif, et non du domaine du Droit naturel. Ainsi, pour un libertarien, l'Etat violera dans tous les cas de figure le Droit naturel, et le droit positif qu'il élabore ne se cantonne, à ses yeux, qu'à la légalité et non à la légitimité. Si l'Etat est soumis, dans la théorie de l'Etat de droit, au respect du principe de légalité, cela ne l'empêche pas de pas à la fois de punir les vols et les violations de propriété des individus mais de s'exempter de se condamner lui-même, en instituant le vol organisé, c'est à dire l'impôt.

En réalité, les libéraux défendent la Rule of Law, qui équivaut à l'isonomia des Grecs, laquelle n'est rien d'autre que l'égalité devant la loi. Pour exister et être respectée, celle-ci n'exige pas l'existence d'un appareil étatique, bien au contraire comme nous l'avons vu plus haut. Aussi, afin d'éviter toute confusion, la seule conception libéralement valable doit s'écrire état de Droit.

On peut donc conclure que le droit positif créé et institué par l'Etat n'est pas légitime : miroir des intérêts du moment, il ne sert que l'Etat.

Expressions rattachées

L'Etat peut invoquer la raison d'Etat pour violer le Droit, et même le droit positif qu'il a défini. Ce type de comportement qui apparaît antithétique avec la notion d'Etat de droit et du principe de légalité associé est pourtant souvent utilisé, même dans les Etats démocratiques (écoutes de particuliers, destruction de propriété : affaire du Rainbow Warrior, etc.)

Les zones de non-droit sont une invention langagière récente qui s'applique aux lieux où la population décide de respecter un droit contractuellement défini, non imposé par l'Etat.

Intérêt public

(Article rédigé dans le cadre du projet Wikibéral)

La notion d'intérêt public, ou d'intérêt dit général, est souvent citée dans la réflexion concernant l'intervention de l'Etat dans la vie des individus. Nous allons donc présenter les deux sens du concept d'intérêt général, pour distinguer quelle conception prédomine chez les étatistes, pourquoi les libéraux s'y opposent, et quelle alternative ils proposent.

La double notion d'intéret public

Cette notion, apparue au cours du XVIIIe siècle, est fréquemment subdivisée en deux conceptions distinctes. Il est à noter que, pour les positivistes, l'intérêt général détermine la finalité de l'intervention de l'Etat et fonde sa légitimité.

La notion d'intérêt général admet deux sens :

  • une conception d’inspiration plutôt utilitariste, pour laquelle l'intérêt général est la somme des intérêts individuels. Ces intérêts ne sont pas nécessairement des intérêts égoïstes ou altruistes : cette conception est neutre sur la nature des intérêts ou des aspirations particulières. Elle n'admet pas de volonté autre que celles des individus, tant d'un point de vue méthodologique que philosophique.
  • une conception beaucoup plus interventionniste : les défenseurs de cette vision estiment que l'ensemble des hommes ne se caractérise pas par une unité, et que les actions humaines sont aléatoires, chaotiques et ne s'inscrivent pas dans la durée. Cette conception de l'intérêt général induit un "volontarisme", c'est-à-dire une intervention structurante de l'Etat, qui permettrait de fonder durablement une société. Dans ce cadre, l'homme doit suspendre ses intérêts particuliers pour chercher à discerner l'intérêt général, dans le but de construire une société politique unie.

Le point de vue dominant de l'étatisme

Cette deuxième conception est beaucoup plus proche de la tradition juridique et étatique française, et recoupe sous de nombreux aspects la position originelle de Jean-Jacques Rousseau.

Lorsqu'il a théorisé la démocratie dans l'ouvrage Du Contrat Social, il considére que l'homme, en quittant l'état de nature, s'aliène totalement avec l'ensemble de ses droits à la communauté qu'il rejoint. La volonté individuelle se fonde alors, par le contrat social, dans la "volonté générale", seule habilitée à légiférer et à exercer la souveraineté. Par ce truchement, Rousseau accorde à l'Etat la mission de poursuivre des fins qui s’imposent à l’ensemble des individus, par delà leurs intérêts particuliers.

Cette seconde conception est ainsi beaucoup plus répandue chez les étatistes, car elle inclut en son sein une légitimation, au sens du droit positif, de l'interventionnisme. Néanmoins, certains étatistes utilitaristes rejettent la seconde notion, et croient voir dans l'intervention de l'Etat la source et l'outil d'un "plus grand bonheur pour le plus grand nombre" : ils sont ainsi partisans de la première conception de l'intérêt public.

La position libérale

Critique du rousseauisme

Les libéraux se revendiquent clairement de la première conception de l'intérêt général, la seconde conception relevant, pour eux, presque d'une perversion du langage. Les libéraux constatent que les étatistes, par le recours à l'artifice rousseauiste de la volonté et de l'intérêt général, sont incapables de fonder, grace à des raisonnements économiques ou moraux, la validité de leurs positions. Cette seconde conception conduit au relativisme le plus total du point de vue du droit et relève de considérations philosophiques tout à fait contestables.

Tout d'abord, les individualistes libéraux s'insurgent contre les conceptions holistes des étatistes : l'homme ne s'aliène nullement au corps social lorsqu'il rentre en société; l'homme est un tout incontestable, qui ne peut plus être envisagé comme une partie d'une communauté non homogène. D'autre part, ce processus d'aliénation s'appuie sur l'idée d'un Contrat social, et d'un état de nature préalable : l'homme n'a, cependant, jamais été un être solitaire, comme l'envisage Rousseau; son essence est, au contraire, toujours sociale. Il nait en société, et n'a donc pas à s'y aliéner par rapport à un état de nature imaginaire - il n'y a aucune souveraineté d'un ensemble d'individus sur un individu unique. Enfin, les libéraux estiment que ceux qui se revendiquent de cette seconde conception de l'intérêt général ne saisissent pas la complexité du réel, de l'action humaine, et cherchent inévitablement à compenser cette lacune par l'instauration par la coercition d'une "orientation" visible de la société. En ce sens, ils méconnaissent la réalité et la diversité des comportements humains, et cédent au constructivisme.

Ainsi, les partisans du libéralisme se revendiquent immanquablement de la premiére conception individualiste de l'intérêt général, qui ne donne pas une existence et une volonté transcendante, indépendante des volontés individuelles, à une communauté d'hommes. Leurs reflexions économiques, et historiques les conduisent à considérer le laissez-faire comme le meilleur vecteur de la richesse et de la satisfaction des individus.

La main invisible

Contrairement aux considérations naïves de certains étatistes, les libéraux percoivent une plus grande complexité et une harmonie dans les comportements économiques. Pour eux, nulle nécessité de choisir délibérément d'imposer un orientation aux hommes, cette stratégie se révèlera nécessairement infructueuse! A l'inverse, la liberté de l'ensemble des actions humaines induit une amélioration de la condition de tous.

Bien que la notion n'est évoquée qu'une seule fois dans son maître ouvrage : Recherche sur la Nature et les Causes de la Richesse des Nations, Adam Smith invente le concept de main invisible du marché. Celle-ci oeuvre pour l'intérêt général et se distingue de la main trop visible des princes du XVIIIe qui intervenaient dans l'économie. L'intérêt individuel est alors le meilleur moteur de l'intérêt public. Par exemple, si un boulanger se lève à 4 heures du matin pour cuire des pains, ce n'est pas parce qu'il participe à un grand projet sociétal d'altruisme généralisé : c'est parce qu'il espère tirer profit de son activité. Ce faisant, il participe à l'intérêt général, car il permet à ses clients de dormir plus tard, de profiter de pains de bonne qualité ; bref d'utiliser leur temps à des activités qui leur sont plus utiles.

Bernand Mandeville, quant à lui, exploite la même idée dans sa Fable des abeilles : les vices privés sont la source des bienfaits publics. La ruche est prospère, tant que les abeilles sont mues par l'amour des biens matériels et du luxe en particulier. Dés que les abeilles deviennent sages, économes, bref, vertueuses, leur économie périclite. Pour lui, ce n'est pas seulement l'a-moralité, mais l'immoralité qui est preuve de la richesse des peuples.

Métaphores de l'activité économique

La conception de l'intérêt général chez la plupart des étatistes s'appuie sur un ultime ressort : les intérêts humains seraient inconciliables, fluctuants, et ne permettraient pas de conduire à une société durable. Cette vision induit un vocabulaire guerrier des relations économiques. A l'instar de Frédéric Bastiat, les libéraux s'élèvent contre cette comparaison : l'échange volontaire et la division du travail conduisent à une spécialisation de chacun, une contribution aux biens disponibles pour tous, et à un progrès de l'humanité. Dans l'activité économique, chaque homme travaille à augmenter la satisfaction d'autrui, et les hommes sont donc en collaboration, en association pour le bien de tous.

La concurrence, outil de la responsabilité et du perfectionnement, avatar du laissez-faire, permet donc d'oeuvrer au bien de tous. A chaque instant, la concurrence incarne l'intérêt général des hommes, du plus grand nombre d'hommes; en opposition avec les particularismes et les corporatismes que l'Etat tente de préserver par la coercition. A terme, la concurrence est encore plus : elle est l'intérêt universel des hommes. Les libéraux ne disent rien de plus.

Citations

  • Il semble que la Bonté infinie, qui a répandu ses biens sur la terre, ait choisi l'avide producteur pour en opérer entre tous la distribution équitable; et certes c'est un merveilleux spectacle que celui de l'intérêt privé réalisant sans cesse ce qu'il évite toujours. L'homme, en tant que producteur, est attiré fatalement, nécessairement vers les grosses rémunérations, qu'il fait par cela même rentrer dans la règle. Il obéit à son intérêt propre, et qu'est-ce qu'il rencontre sans le savoir, sans le vouloir, sans le chercher? L'intérêt général. (Frédéric Bastiat)
  • L'homme devient un être social non pas en sacrifiant ses propres intérêts à un Moloch mythique appelé Société, mais en cherchant à améliorer son propre bien-être. (Ludwig von Mises)

mardi 29 mars 2005

Errements

A vrai dire, je n’ai pas vraiment trouvé le titre percutant, le titre adéquat à ce post. Sans doute un aveu de faiblesse de vocabulaire, mais peu importe, je me lance, et j’espère que l’idée me suivra.

S’il est un trait constant que j’ai pu remarquer dans toutes les idéologies, il s’agit bien d’une haine identifiée envers une minorité. Les patrons pour une certaine gauche, les syndicats pour une certaine droite, les bourgeois et les capitalistes pour une deuxième gauche, les étrangers pour une deuxième droite. Plus extrêmes à chaque reprise. S’il est donc un travers dans lequel les libéraux ne devraient pas tomber, et dans lequel je m’efforcerai de ne pas tomber, c’est donc celui-ci : celui d’une haine identifiée d’une minorité. D’une haine systématique et aveugle, d’une rage finalement très collectiviste dans son essence, car visant des groupuscules.

Ces groupes peuvent d’ailleurs être divers : syndicats, hommes politiques, fonctionnaires, certains grands patrons, les chômeurs ; les hommes de l’Etat, en général. Ces hommes ont tous pour caractéristique d’être liés à l’Etat, l’Etat illégitime par essence, pour les libertariens. Une haine, ou un ressentiment en est-il utile ? Je ne le pense pas. Ces hommes ont-ils seulement conscience d’être ce que nous leur reprochons ? Je ne le pense pas. La vengeance, la violence, sont-ils bien efficients dans ce cas ? D’autant plus que syndicats, patrons, et les professions des fonctionnaires existeraient belle et bien dans un monde libertarien. Le danger est grand de prendre le contre-pied du discours ambiant, et de se réfugier dans des thèses tout aussi haineuses que nos contradicteurs. La tentation est immense de se faire l’exact opposé des conformistes, de rejeter en bloc certaines actions associatives, car elles sentent bon les thèses étatistes. Si les libéraux tombaient dans ce travers, j’estime également qu’ils ne se placeraient finalement à nouveau, dans leurs discours, dans une optique droite-gauche, et non en non plus, en dépassant ce clivage. Fort paradoxal pour des humanistes de céder à cette envie, de vouloir tout stigmatiser, y compris certaines thèses de gauche, qui, bien qu’utilisées à mauvais escient, n’en restent pas moins valables.

« Il y a une place à prendre », en étant plus honnêtes, moins haineux, plus convaincants que les étatistes de tout bord. Peut-être, est-ce mon vieux fond de centriste policé qui parle ? Mais, je ne pense pas en démordre de sitôt.

Dans l’espace public, celui des étatistes de tous bords, rien de plus facile que de se cantonner qu’à la critique négative, celle de la démolition des thèses adverses, celle de la réfutation. C’est, sans nul doute, un travail nécessaire, je serai bien arrogant de dire le contraire. Mais, est-ce bien suffisant ? Est-ce l’essence du libéralisme ? Les libéraux ne pourront définitivement répondre aux critiques qui leur sont opposés que s’ils développent une critique positive. Non seulement parce qu’il s’agit là d’un moyen de défendre et de promouvoir nos idées, mais aussi – et surtout – puisque le libéralisme rompt avec la « logique » de l’étatisme, propose une vision différente des évènements, individualiste, qui prône l’indépendance. Et, pour que les libéraux puissent mettre en branle les préjugés dont ils font l’objet.

La critique positive est d’autant plus nécessaire qu’elle permet, à terme, un changement de paradigme dans la manière dont les gens perçoivent l’action de l’Etat. Pour beaucoup, tant que l’étatisme et le keynésianisme ne seront pas assez contestés, penserons que l’intervention de l’Etat n’est pas nécessairement néfaste, mais qu’il suffit de trouver la bonne combinaison « volontariste ». Ce n’est que, quand cette norme, cette habitude, sera révolue que le libéralisme pourra s’ouvrir un boulevard. A l’avantage de tous.

Mon avis sur la constitution européenne

Dans un contexte où la désinformation couplée aux préjugés règnent en maîtres, je vais tenter d'expliquer dans ce bref article pourquoi ma réponse sera (ou plutôt serait) non.

Le traité instituant une constitution est la porte ouverte à la création d'une Europe politique forte, rajoutant une couche d'Etat au dessus de l'Etat existant d'ores et déjà.

Les partisans d'une "Europe sociale", rejetant ce projet de constitution "ultra-libéral", font non seulement preuve d'une très mauvaise stratégie sur le plan politique -ce n'est pas en bloquant l'Europe qu'ils pourront la construire- mais encore montrent leur goût vraisemblablement prononcé pour la création d'une URSS n°2.

Les partisans du "oui" affirment quant à eux la volonté de bâtir une Europe politiquement forte, ce qui lui donnerait un pouvoir relativement important pour diriger l'économie européenne à coup de règlementations débiles ; à mon sens, les libéraux qui pensent pouvoir profiter de plus de liberté par cette voie font fausse route.

Je suis donc rangé du côté des partisans du "non" car je refuse de voir naître une couche d'étatisme supplémentaire que permettrait alors l'adoption d'une constitution si floue et vide de sens.

samedi 26 mars 2005

Remerciements

Merci à Eskoh, l'excellent designer libertarien, pour les 5 headers qu'il a créé spécialement pour LK !

vendredi 18 mars 2005

Le vieux rêve égalitaire

Quinze années après la chute de l'empire soviétique, le vieux rêve égalitaire hante de nouveau les apparatchiks de notre cher pays.

Il semble être de coutume de nos jours d'élever l'égalité - je parle ici de l'égalité de fait et non de l'égalité des droits qui quant à elle est primordiale - au rang d'un idéal doté de caractéristiques quasi divines. Mais pourquoi vouloir considérer l'égalité comme étant une fin ? On peut aussi bien être égaux dans la richesse que dans la pauvreté. Enfin bon, passons.

J'ai découvert il y a quelques jours le site Inegalites.fr, tenu par plusieurs économistes et sociologues français, lequel m'a permi d'en savoir un peu plus sur les objectifs et sur le raisonnement desdits économistes.

Parmi foule d'articles allant même jusqu'à dénoncer l'inégalité jusque dans les chiottes, on trouve entre autres une page explicitant ce qui motive les auteurs et les intervenant s'occupant de ce site.

Nous estimons que la montée des inégalités, notamment sous la pression du chômage et de la dégradation du marché du travail, constitue une menace sérieuse pour la démocratie. Non seulement les inégalités offrent un terreau à la montée de l’extrême droite en Europe, mais elles favorisent aussi tant le scepticisme civique que le cynisme social. L’urgence à agir nous paraît évidente.

Selon ces mêmes économistes, la montée des inégalités serait dûe - entre autres - au chômage et à la "dégradation du marché du travail". Honnêtement, je me demande à qui l'on doit dire merci. L'OCDE avait calculé que cinq points de SMIC en plus avait pour effet d'élever le chômage d'un point ; quant à la dégradation du marché du travail, dans un pays où l'Etat bouffe plus de la moitié des richesses produites tout en imposant son infâme législation, on se demande une fois de plus qui l'on doit remercier. Bien entendu, d'après les pseudo-économistes en question, c'est la faute au néo-ultra-libéralisme qui ravage notre démocratie (populaire)

Ces mêmes inégalités constituraient un "terreau" pour l'extrême droite. Ca, c'est l'argument choc facho anti-facho. Dès qu'il s'agit de mettre sous tutelle d'une manière encore plus prononcée la vie des individus, lorsqu'il s'agit de règlementer tous les aspects de leurs vies en réduisant leurs libertés, l'extrême droite - tout comme le libéralisme - sont des prétextes magiques pour justifier leurs politiques dirigistes et liberticides.

Cependant, chose encore plus grave, la montée des inégalités inviterait au "scepticisme civique". Imaginez vous, la montée des inégalités motiverait les gens à ne plus participer au jeu vicieux des gangsters qui nous gouvernent, cela reviendrait à affirmer que les individus seraient capables de gérer leur vie eux-mêmes sans la prétentue aide de Dieu l'Etat. Nos économistes - tous fonctionnaires ou presque comme en témoigne cette page - en perdraient presque leur job. On comprend de suite les raisons de leur grande inquiétude.

Mais ne vous y méprenez pas, au delà du "scepticisme civique", c'est au "cynisme social" qu'inviteraient la montée des inégalités. Encore cette fichue manie d'accoler l'adjectif "social" à n'importe quel mot... "cynisme social" ! Si ça continue comme ça même les sèches-cheveux seront sociaux. Enfin, peu importe, là encore, faut comprendre que c'est grave : les inégalités pousseraient les gens à ne plus vouloir subir le vol généralisé. Ah, mais nos chers économistes ne seraient-ils pas rémunérés avec l'argent que l'Etat nous extorque ?

La coopération, le partage, le désintérêt, la solidarité contribuent au fonctionnement harmonieux d’une société (notamment par la qualité du lien social) au-delà de son caractère égalitaire.

La coopération et le partage, entre d'autres termes, l'échange volontaire, c'est justement ce à quoi vers tend le libéralisme et c'est justement ce à quoi s'oppose le dirigisme économique - basé sur la force, comme toute intervention de l'Etat - qu'ils défendent. On nous ressert une sauce de "désintérêt", comme si non seulement cette notion existait vraiment[1], mais encore dans le but de nous faire croire que les hommes de l'Etat - contrairement aux entrepreneurs, cela va sans dire - agiraient en se consacrant au bien de la communauté et non au leur[2], mythe étatique s'il en faut. Enfin, on évoque la "solidarité", comme si une vaste opération de vol organisé où tout le monde - entreprises, riches, Etat - se sert pouvait être qualifiée d' "humanitaire" ou de "solidaire"[3]

Notes

[1] Voir à ce titre L'Action Humaine de Ludwig von Mises, chapitre 1

[2] La vieille idée selon laquelle les hommes de l'Etat se dévoueraient au bien de la communauté a la vie dure. L'Etat, comme l'a démontré l'anarchiste-individualiste Lysander Spooner, n'est ni plus ni moins qu'une association de malfaiteurs vivant leur job comme n'importe quel autre business.

[3] Lire à ce titre l'article traitant du libéralisme et de la solidarité publié sur ce même blog.

jeudi 17 mars 2005

Concours général de philosophie

Vous comprendrez probablement que le commentaire du sujet sur lequel j'ai planché cinq heures sera bref

Sujet :

Peut-il y avoir des illusions de la liberté?

Bof, c'est assez inoriginal comme sujet, si j'ai le courage, j'éditerai le post pour commenter le sujet. :)

mercredi 16 mars 2005

L’homme et l’efficacité économique

Il est assez courant d'entendre chez les partisans de l’intervention de l’Etat l’idée selon laquelle le libéralisme ferait passer l'efficacité économique avant l'homme.

Ainsi, lorsque les partisans de l’intervention étatique manquent d’arguments pour justifier la prétendue efficacité de leurs méthodes, ils se rabattent sur un autre argument, lequel est, à peu de chose près, que le libéralisme ferait passer l’efficacité économique avant l’homme. Cet énoncé, nous allons le vérifier, se base sur une dichotomie fallacieuse de tout point de vue.

Au sein d’une société, les individus éprouvent des gênes qu’ils tentent, par leur action, de satisfaire ; ainsi, toute action a pour finalité de combler une gêne, en d’autres termes, d’apporter la satisfaction.

La recherche de l’efficacité économique a pour seul objet de déduire, par l’étude de l’action humaine, le système qui conviendrait le mieux à la satisfaction la plus optimale des gênes exprimées par les individus ; en somme, la recherche de l’efficacité économique n’est autre que la recherche du bien-être pour le maximum d’individus.

C’est en cela qu’opposer l’humanitaire à l’efficacité économique est profondément incohérent ; en effet, si l’efficacité économique correspond, comme nous venons de le vérifier, à la recherche de la satisfaction des désirs exprimés par le plus grand nombre, il est illogique et irrationnel de l’opposer à l’humanitaire. Au contraire, elle va de pair avec lui.

Cette incohérence s’illustre notamment dans les propos de certains hommes politiques ou économistes étatistes qui parlent de faire passer l’homme avant l’efficacité économique en mettant en place des « politiques de lutte contre la pauvreté ». Non seulement cet argument est faible car la personne qui l’énonce reconnaît implicitement que ces politiques sont inefficaces sur le plan économique, mais encore cet argument est tout à fait incohérent, comme nous venons de le vérifier.

Une politique de lutte contre la pauvreté a pour but de supprimer – ou au minimum de limiter au possible – ladite pauvreté. Il s’agit donc bel et bien d’un problème économique puisqu’il s’agit de réinsérer des individus sur le marché de l’emploi et de les sortir de leur misère. Par conséquent, une telle politique ne peut être orientée vers l’homme que si elle est efficace. Comment pourrions-nous qualifier d’humanitaire une politique de lutte contre la pauvreté qui n’aurait pour effet que de créer encore plus de pauvres ?

Les affres du capitalisme

Qu’est ce que le capitalisme ? On aurait espéré que toute personne qui emploie ce terme ait eu l’honnêteté intellectuelle d’ouvrir un dictionnaire comme point de départ à une analyse. C’est malheureusement bien peu souvent le cas.

En quelques clics et une recherche Google, je suis arrivé aisément sur le site Internet de l’Académie Française, gardien vigilant de la langue de Molière. Dans le cénacle qu’est le Dictionnaire de la dite-institution, que peut-on trouver à l’occurrence « capitalisme » ?

Régime économique dans lequel les moyens de production sont propriété privée. Le développement, la fin du capitalisme. Le capitalisme trouve son fondement dans la liberté des marchés.

Capitalisme sauvage, dans lequel la recherche du profit élimine toute considération humanitaire à l'égard des salariés ou des responsables de petites entreprises. Capitalisme d'État, dans lequel les moyens de production appartiennent à l'État.

Spécialt. Selon la doctrine marxiste, régime économique et social dans lequel une classe possédante domine le monde des travailleurs. Les marxistes appellent « capitalisme monopoliste d'État » la conjugaison des actions de l'État et des grands monopoles.

L’étymologie du terme n’est, à ce titre, nullement anodine : « n. m. XVIIIe siècle, au sens de « état de celui qui est riche ». Dérivé du substantif capital. ». Une omission de l’Académie est ici bien regrettable, bien qu’implicite, puisque le terme de capitalisme a été forgé par Karl Marx – ce qui est loin d’être fortuit. Inutile de s’étonner de la connotation extrêmement péjorative du terme.

Ludwig von Mises, dans l’Action Humaine, parvient d’ailleurs à mettre en évidence en quoi le terme même de capitalisme est subverti dès son invention :

(Marx affirma que) Il n'existe pas de logique universellement valable. Ce que l'esprit produit ne peut être autre chose qu'une « idéologie », c'est-à-dire dans la terminologie marxiste, un ensemble d'idées déguisant les intérêts égoïstes de la classe sociale à laquelle appartient celui qui pense. Donc, l'esprit « bourgeois » des économistes est entièrement incapable de produire plus qu'une apologie du capitalisme. Les enseignements de la science « bourgeoise » (...) ne sont d'aucune utilité pour les prolétaires, la classe montante destinée à abolir toutes classes et à convertir la terre en un jardin d'Eden.

Je passe sur les poncifs habituels de la doctrine marxiste tels que définit par l’Académie, ou sur la définition de Capitalisme sauvage qui semble n’être qu’un avatar de cette doctrine politique. Restons cohérents, et tentons d’élucider le sens du terme à partir du sens premier du terme qui paraît sensible plus propre et moins orienté. Elle n’en est pas moins la définition que Marx a donné du terme : « Régime économique dans lequel les moyens de production sont propriété privée. »

Ainsi, le capitalisme serait non seulement un « régime économique », c’est-à-dire un système économique qu’il est possible d’instituer ou abroger, mais également caractérisé par la propriété privée des « moyens de production ». On ne se préoccupe donc jamais du droit de propriété extensible au-delà des dits-moyens. Celui du corps, ni la propriété des biens et services que chacun peut acheter. Le régime en question implique que cette propriété privée soit au moins définie ou établie pour les employeurs, et son statut importe peu.

Il convient d’évoquer les différentes filiations apportées par le marxisme dans son « analyse » du capitalisme : le colonialisme serait une forme de capitalisme, de même que la guerre serait son stade suprême. On peut aisément constater ici que ces deux formes d’intervention ne relèvent pas du domaine du système économique, mais de l’action étatique. Il s’opère, en réalité, chez les marxistes une confusion entre le système économique, et l’Etat, alors qu’ils sont totalement disjoints, et le premier ne nécessite pas le second pour perdurer. Preuve s’il en fallait de cette confusion : les guerres ne sont pas l’apanage des non-communistes, les conflits entre Chine et URSS, entre Vietnam et République Populaire de Chine, ou entre le Cambodge des Khmers Rouges et le Vietnam en sont autant d’exemples. On peut également noter qu’en toute rigueur, selon la définition citée, un système économique où l’Etat est minarchiste ou un système économique où l’Etat est assez omnipotent et socialiste (i.e. au-delà de 50% de prélèvements obligatoires) sont tous les deux qualifiables de « capitaliste » tant que le droit positif accepte la propriété privée.

En fait, le capitalisme ne se caractérise pas par un état de droit, mais pas un état de fait : il peut y avoir propriété ou possession des moyens de production, cela ne change qu’à la marge, la nature du régime économique Si la propriété privée a émergée, et a été un axe structurant du développement économique, c’est parce qu’elle est conforme à la nature de l’homme, à sa propension à l’échange, à la préférence temporelle, mais aussi à la prudence. En fait, la propriété privée est le moyen par lequel l’homme peut agir, et mobiliser des moyens en vue d’une fin. Le capitalisme n’est pas toujours nécessairement « propre », la propriété n’est pas toujours respectée, et ce n’est pas uniquement le fait de l’Etat. Le capitalisme est en fait le système économique qui a émergé de l’ensemble des interactions humaines, et qui a utilisé comme vecteur un outil adapté aux caractéristiques humaines, à savoir la propriété. Il n’a aucun rapport avec le droit positif défini par l’Etat, il est compatible et adaptable à tous les définitions du droit, et les implications de la violence étatique. Il est seulement dans ces cas, plus ou moins efficients.

Ma conclusion, même si elle est contestable, serait celle-ci : tout système économique est capitaliste. Il n’implique pas d’idéologie particulière, ni de système de Droit particulier. On pourrait pousser les oxymorons de capitalisme libéral, à capitalisme communiste en passant par capitalisme nationaliste. Le capitalisme est un système économique spontané, et, en ce sens, il me semble une erreur de croire que le droit précède l’économie. Ils sont, au mieux, simultanés, puisqu’un cadre juridique n’est pas nécessaire pour l’émergence d’un système économique – l’efficience mise à part.

dimanche 13 mars 2005

Le Couperet

Film réalisé par Costa-Gavras, avec José Garcia, Karin Viard et Ulrich Tukur.

Déçu, je ne crois pas qu'il y ait d'autre mot. Ce film est vraiment très décevant et gaché par une sorte de conformisme latent. Déçu également, par les critiques de presse qui l'avaient très bien noté. Plantons d'abord le décor avec l'aide d'allociné :

Synopsis : Bruno Davert est un cadre très supérieur dans une usine de papier. S'étant fait licencier avec quelques centaines de ses collègues pour cause de délocalisation, il est prêt à tout pour retrouver un poste à son niveau, même à tuer ses concurrents.

Jusque là, le scénario peut paraître exploitable, mais, en réalité, quand on a vu 15minutes du film, on en connaît déjà l'intégralité. Dans ces premiers instants, on apprend que Bruno Davert (alias José Garcia) a tué un ingénieur en chimie du papier, au chômage, pour pouvoir avoir une plus grande probabilité d'être embauché si un poste venait à se libèrer. L'on apprend qu'il a réussi à récupérer les CV de ses autres compères, et qu'il les trie dans le but d'isoler ceux qui sont susceptibles de lui être professionnellement supérieurs. A partir du moment où l'on a compris ce principe, seul le modus operandi des crimes change : coup de pistolet, fauchage en voiture, tentative de meurtre avec un couteau de cuisine, explosion d'une maison engorgée en gaz... On commence à somnoler sérieusement.

D'autant plus qu'on ne peut pas dire que ce soient les clichés qui manquent : délocalisations de méchants patrons avides de bénéfices, matérialisation de la "guerre économique", cadres présentés comme "machines économiques" dont le seul Dieu s'appelle Productivité, débauche d'immoralité véhiculée par le capitalisme (on voit apparaître dans le film des dizaines de pubs porno-chic), filiation explicite entre criminalité et chômage - qui instaure une sorte de fatalité... Certes, on ne peut que déplorer le chômage brutal et provoqué de manière ingrate par certains délocalisations : on eut espéré que les employés ne soient pas jetés comme des torchons; mais est-ce réellement toujours le cas? Le film reste muet sur ce point, sur les détails de la délocalisation, les "soutiens" qui s'en suivent, pour se cantonner dans un vague aspect symbolique borné : "C'est la faute des actionnaires".

Ceci dit, sur le statut du salarié, je ne peux m'empêcher de citer Philippe Simonnot, dans l'Invention de l'Etat (Merci Chitah ;-)) :

A personne il ne sera reproché de préférer à un moment donné un lièvre qu'il peut tenir à un butin improbable, un salaire qui tombe régulièrement à la fin de chaque mois à des gains aléatoires. Seulement, il se trouve que certains individus à un moment de leur vie, voire durant toute leur existence, ont du goût pour le risque. Le capitalisme est le système qui permet à cette catégorie d'individus de satisfaire ce goût, et de remplir une fonction utile à la société, à condition que les risques courus soient de vrais risques, que le jeu ne soit pas faussé d'une manière ou d'une autre par un Etat dévoyé.

Bien sûr, par démagogie, on pourra toujours essayer de masquer aux salariés la nature de leur statut par toutes sortes d'"intéressement" aux profits de l'entreprise, et autres formules d'"association capital/travail", d'"épargne salariale", de "retraites maison". Mais il s'agit trop souvent de leurres qui empêchent les salariés de prendre conscience de la réalité de leur statut et d'anticiper le sort qui les attend à l'heure de vérité où le capitalisme est forcé d'avouer ce qu'il est. Les chaînes que l'on a cru alléger, on les a, en fait, alourdies. Et l'on s'en aperçoit bien vite s'il arrive malheur à l'entreprise. Alors ses salariés se mordent les doigts d'avoir mis tous les oeufs dans le même panier (salaires et économies), et n'ont plus que leurs yeux pour pleurer.

Que dire de ce scénario très pauvre, assez stérile, tombant souvent dans l'invraisemblance, et qui sombre dans les poncifs conformistes : fort dommage d'autant plus que les points positifs ne sont pas absents. Une des bonnes surprises est le jeu de José Garcia et de Karin Viard. José Garcia à la fois comique et effrayant, cynique et pince-sans-rire, dépressif stressé et tueur amateur. Il parvient à jouer entre différents registres dans lesquels on est peu habitué à le voir évoluer, accommodation réussie à un film dont on aurait pu craindre le pire. Un suspens parfois sensible, à l'arrivée (à trois reprises!) de la Police.

Finalement, ce qui est gênant, ce n'est pas tant le film que l'idée que s'en font les spectateurs. Si l'on va voir leurs critiques sur le site d'allociné, les occurrences "individualisme" et "(ultra)libéralisme" doivent être citées dans environ 20% des critiques. Par exemple :

Costa Gavras fait passer avec brio un message fort: notre société va dans le mur, individualisme, ultra-libéralisme, surconsommation, etc... Je pense que ce film peut aider les personnes qui ne sont pas encore convaincus de la vacuité de notre société à en prendre conscience.

Ou qui sombrent dans le relativisme moral le plus total :

L'équation devient limpide : la monstruosité économique dans un monde qui cultive l'individualisme engendre la monstruosité humaine. Il n'est pas contre la société qui est responsable de sa situation : il tient à s'y maintenir et cette fin selon lui justifie tous les moyens, quitte à devenir un prédateur pour ses semblables.

Inutile de préciser ici qu'aucun n'entend le sens authentique de ces deux termes, et que leurs dictionnaires doivent sérieusement prendre la poussière! En guise de conclusion, je crois que Bastiat nous sera d'un grand secours : Combien je préférerais dire les choses comme elles sont, sans m'occuper de mille aspects sous lesquels l'ignorance les voit.

Le PCF et la réforme de l'Education Nationale

Le PCF ne rate aucune occasion lorsqu'il s'agit de faire un peu de propagande aux portes des lycées. Aujourd'hui, le PCF se sert de la réforme Fillon (qui n'a aucun rapport avec le libéralisme, faut-il le rappeler) pour critiquer les "politiques libérales" qui "s'attaquent à toutes les activités humaines".

Ainsi, le Parti Communiste tente de recruter de futurs adeptes au portes des lycées alors que pour bon nombre de lycéens le communisme est une doctrine qui se limite au port du conventionnel t-shirt représentant le Che. La nouvelle loi Fillon a donc été un prétexte tout cuit pour tomber une fois de plus sur le libéralisme qu'ils méprisent tant et ce bien que la loi en question n'ait aucun rapport, de près ou de loin, avec ledit libéralisme.

C'est ainsi qu'un (pas) beau matin j'ai eu l'occasion d'obtenir un prospectus de propagande communiste que je me suis amusé (ou presque) à lire. Je vous en livre les passages les plus croustillants.

Faire le choix du progrès humain

Le titre du dernier paragraphe donne le ton. Ainsi, les communistes, soutenant une doctrine qui a fait - je le rappelle à tout hasard - 200 millions de morts sur Terre, nous invitent à "soutenir le progrès humain". Cherchez l'erreur ; j'en rigolerais presque si la chose n'était pas si grave.

Les politiques libérales ne laissent rien en place, elles s'attaquent à toutes les activités humaines pour les réduire à l'état de marchandises

Sans blague. Le libéralisme est une philosophie souhaitant la libre expression de tous les savoirs et activitées humaines, il s'agit de laisser agir seul le "marché" qu'ils méprisent tant - lequel n'est pourtant que la somme des actions de chaque individus. C'est par cette pseudo-logique vicieuse que les communistes - et leurs amis socio-démocrates - sèment la confusion parmi les esprits, d'autant plus lorsque ceux-ci n'ont même pas atteint la majorité ; ils veulent faire croire aux individus qu'ils seront libres en refusant la liberté, qu'ils pourront agir d'eux-mêmes comme le laisse supposer la phrase suscitée tout en prônant la mise sous tutelle de l'économie, qu'ils pourront être solidaires tout en lançant une vaste opération de vol organisé.

les savoirs, la culture, l'école, les ressources naturelles essentielles, l'intérêt général sont pliés aux lois du marché

Les lois du marché sont décrétées par les individus eux-mêmes. Le marché n'est autre que la libre expression de la volonté des individus. Il n'existe pas d'autres lois que celle-ci. Les savoirs, la culture et l'école sont loin d'être pliés aux lois du marché, comme le laissent prétendre les communistes ; ils le seront lorsque les parents auront le liberté d'envoyer leurs enfants dans les écoles de leur choix, lorsque les gangster de l'Etat arrêteront de subventionner - avec l'argent qu'il nous extorquent - des artistes nuls sous prétextes que leur carte d'identité ressemble à la nôtre, lorsque les riches - majoritaires à fréquenter les lieux culturels tels que le théâtre - ne bénéficieront plus des subventions versées à la "culture".

Quant à "l'intérêt général", il ne s'agit ni plus ni moins que d'une formule vide de sens désignant aussi bien l'Etat que les diverses organisations qui en dépendent ; les cheminots - champions nationaux de la grève, des heures chômées, payées par la caisse d'assurance maladie - utilisaient cette même expression pour justifier leurs petits avantages et leur activité de parasites chroniques de la société. Le meilleur "intérêt général" qu'il puisse exister serait encore de laisser les individus vivre librement, selon leurs principes et non selon ceux d'hommes politiques corrompus prétendant agir pour leur bien.

Solvable tu achètes, non solvable tu t'abstiens

Leur vaste politique de contrôle de la société est comme d'habitude, à défaut de pouvoir se baser sur une argumentation rationnelle, teintée de pseudo-sentiments. Ce n'est pas au moyen d'une bureaucratie énorme et inefficace que l'on résorbera la pauvreté, ce n'est pas en considérant les individus comme de vulgaires moutons tout juste aptes à être gouvernés par Dieu l'Etat qu'on y parviendra, c'est au contraire en les considérant comme personnes responsables qu'ils pourront réellement manifester une réelle solidarité, à commencer par celle - en partie éteinte depuis que l'Etat s'est ingéré dans les affaires familiales - qui existe naturellement entre les différents membres d'une même famille.

Le prospectus se termine par une invitation - ou presque - à la lutte des classes, je cite :

De la rue aux urnes, des luttes au vote, mêmes exigences, mêmes combats

Soyons gentils et considérons seulement qu'ils se sont trompés de siècle - et de lutte.

samedi 12 mars 2005

Déterminisme inconscient et Responsabilité

Le déterminisme inconscient remet-il en cause la notion de responsabilité ?

L’idée d’un déterminisme inconscient est repris par plusieurs approches – à l’exemple de la théorie marxienne ; selon certaines d’entre elles, le déterminisme priverait l’individu de toute responsabilité.

Le « déterminisme inconscient » correspond au fait que l’être humain soit déterminé par les rapports qu’il a au monde, c’est à dire que ce qu’il est ainsi que ce qu’il pense ne soit que la conséquence logique de ce qu’il a vécu. L’être humain est alors mathématiquement prévisible, ses choix, bien que réfléchis, sont théoriquement, et ce sans exception, calculables. La notion d’inconscience sous entend ici le fait que l’homme ne puisse se rendre compte de sa condition, sa pensée, ses sentiments, en fin de compte la globalité de son être étant soumis à ce même déterminisme. Une telle approche des choses implique diverses idées ; d’une part, les actes d’un individu sont déterminés par les actes des autres individus – puisque ce que nous pensons et donc faisons est la conséquence logique de notre rapport au monde, d’autre part, la notion de libre arbitre – ici employée dans le sens de capacité de faire des choix de manière imprévisible mais non hasardeuse – est exclue.

La vision marxienne du déterminisme n’impute de ce fait aucune responsabilité à l’individu, puisque ses choix ont été préalablement déterminés par sa condition matérielle et non par lui même. Selon cette approche, un individu ne peut donc être fautif de quoi que ce soit, chacune de ses actions étant induite par sa condition matérielle ; lorsqu’une faute est commise, la société toute entière est tenue pour responsable. Le criminel, dans un tel système, n’est donc pas punit pour ses actes mais pris en charge par la collectivité afin d’être conditionné. Imaginons par exemple le cas d’un meurtrier. Dans un tel système, il ne sera pas considéré comme étant responsable du meurtre qu’il aura commis, de la même façon, chaque individu étant déterminé, nul ne pourra être individuellement considéré comme responsable du meurtre en question ; en effet, la société, c’est à dire l’ensemble des individus, est tenue pour responsable. Le meurtrier est alors pris en charge par un organisme qui l’entraînera dans un processus de réintégration – lequel a dans le cas présent pour but de conditionner l’individu de façon à ce qu’il adopte un comportement pacifique - afin qu’il puisse retourner au sein de la société.

Un tel système présente cependant un double effet pervers. En effet, il n’y a aucune désincitation au délit. Non seulement l’individu fautif n’est pas tenu pour responsable de ses actes, de ce fait, quoi qu’il fasse, ses actions seront systématiquement rejetées sur un fantôme de société – fantôme car chaque individu rejette sa faute sur l’ensemble, ensemble qui n’existe finalement pas puisque chaque individu, en transgressant la loi, s’exclue de ce même ensemble en condamnant celui-ci – mais encore, les autres individus – qui sont théoriquement jusque là respectueux des lois - ne seront eux-mêmes pas désincités à agir ; au contraire, ils y seront mêmes incités. En effet, le processus qui vise à reconditionner les hors-la-loi (à l’image de notre meurtrier précédemment cité) n’existe pas en dehors de la société, il en fait lui même parti, de ce fait, il la détermine lui aussi par sa propre existence, poussant par exemple les individus ayant l’idée de transgresser la loi à mettre leurs plans à exécution.

Au delà du fait que les solutions proposées par une telle théorie soient inefficaces voire contre-productives, cette vision des choses se base sur une conception erronée de la responsabilité, laquelle n’a en réalité aucun rapport avec un quelconque déterminisme. L’idée selon laquelle le déterminisme remettrait en cause la notion de responsabilité individuelle est absurde ; si l’Univers entier est déterminé, si l’on se base sur cette vision des choses, nul ne saurait être tenu pour responsable. Il est donc incohérent – en plus d’être contre productif - de considérer que l’ensemble des individus, c’est à dire la société, devrait être tenue pour responsable, puisque chacun de ses membres ne l’est pas ; en effet, la société ne pense pas, la société n’est pas une entité disposant d’une quelconque intelligence, l’individu est le seul doué de tels attributs. En réalité, la notion de responsabilité est nécessaire à n’importe quel être pensant. En effet, chaque individu poursuit des buts, des objectifs au cours de sa vie, lorsque celui-ci commet une erreur, il est logique et nécessaire qu’il en porte la responsabilité car c’est ainsi que l’individu va pouvoir poursuivre les objectifs qu’il s’est fixé. Un individu déresponsabilisé est un individu qui ne se remet pas en question – puisque les erreurs qu’il commet sont rejetées sur une autre entité – et qui, en conséquence, persiste dans ses erreurs. C’est en tenant compte de ses erreurs – c’est à dire en étant responsable – qu’un individu ne reproduira pas ces mêmes erreurs et pourra de ce fait atteindre les objectifs qu’il se sera lui-même fixé.

Le déterminisme inconscient n’a donc aucun rapport direct avec la notion de responsabilité ; que l’individu soit déterminé ou pas, la responsabilité sera toujours nécessaire afin qu’il puisse persister dans ce qui est bon – critère qu’il aura lui-même défini – et éviter ce qui ne l’est pas.

Le concept de "dérives du marché"

(Article rédigé dans le cadre du projet Wikibéral)

Ou pourquoi l'étatisme conduit à la personnification du marché?

La justification habituelle "philanthropique" de l'intervention de l'Etat réside, en autres, pour les étatistes dans le concept vague et un peu passe-partout de "dérives du marché". En fait, il s'agit là d'une justification a posteriori des premières interventions de l'Etat, une justification de l'augmentation du pouvoir de l'Etat, et de son emprise, bien éloigné de buts prétendument philanthropiques.

En réalité, l'emploi par l'Etat de la coercition lorsqu'il intervient, implique nécessairement des conséquences néfastes, puisque l'Etat ne vient pas comme un être surnaturel, hors du monde, qui ne fait que, par exemple, modifier les répartitions de richesse. La violence que l'Etat fait aux hommes induit une agression au sens propre du terme, et une appréhension, qui n'aurait pas eu cours dans une société de liberté où la répartition de la richesse - issue de la création - est spontanée. Il s'ensuit que, dans la plupart des cas, l'intervention conduit à un effet contraire au but recherché par le philanthrope. Les exemples sont nombreux, on pourrait ici citer l'explication Rothbardienne de la crise de 1929, prétendument emblématique des faiblesses du capitalisme : elle trouve sa source dans le protectionnisme et l'interventionnisme des années 1920, ainsi que dans les décisions arrêtées par la toute jeune Federal Reserve américaine sur le marché monétaire.

Il advient donc de l'intervention de l'Etat une série d'aggravations des situations présentes, mais qui ne sauraient être attribuées à l'Etat qui se caractérise, pour beaucoup d'étatistes, par une sorte d'infaillibilité; encouragée d'ailleurs par la croyance de suivre des idées progressistes, qui vont "dans le sens de l'Histoire", pour améliorer sciemment le sort des "classes défavorisées". Sorte d'emprunt à la dialectique matérialiste marxiste. En ce sens, les étatistes ne sont pas conscients de la causalité des effets pervers de l'interventionnisme. Ils s'expliquent, pour eux, par une sorte de "causalité libre", sans source. Cette "causalité libre", à partir de laquelle les étatistes cherchent à élucider l'origine des "effets indésirables ou non souhaités", ne serait alors qu'une propriété d'émergence des interractions individuelles, incapable d'être prévue au niveau microscopique (ou microéconomique), mais qui est observable au niveau de la macroéconomie.

Cependant, la pensée est également pervertie par un autre principe, à partir de ce point : le marché, ensemble des actions individuelles, est donc imprévisible, peut conduire à des "dérives", il ne pourrait alors être utilisé comme remède à quelconque situation. L'Etat s'impose donc comme la solution d'une force personnifiée, et qui s'attribue des objectifs précis. Et on note, en bout de cours, une projection de la conception de l'Etat sur celle du marché, où celui-ci devient personnifié. D'où les multiples "dérives du marché", qui ne peuvent en aucun cas être laissées "à ses forces aveugles indomptables".

Libéralisme et Solidarité

(Article rédigé dans le cadre du projet Wikibéral)

Dans une économie de marché, les richesses produites sont en un premier temps réparties entre les différents agents - on parle alors de répartition primaire - , sous forme, par exemple, de profits ou de salaires. Une logique de redistribution peut par la suite être mise en oeuvre afin de venir en aide aux individus exclus de cet effort productif.

Pour les libéraux, la solidarité, telle qu'elle est mise en oeuvre de nos jours, est une vaste supercherie politique.

Le système actuel de solidarité est instauré par la contrainte étatique, en d'autres termes, par la force. Les individus sont obligés d'y souscrire, ce qui va à l'encontre des principes libéraux fondamentaux que sont la liberté, la propriété et la non-agression, définitivement établis par la Déclaration des Droits de l'Homme de 1789.

La solidarité - qui se veut pourtant conduire à une redistribution des richesses - ne profite pas exclusivement aux pauvres, loin s'en faut. Les entreprises tentent, via les subventions versées par l'Etat, de récupérer ce qui leur est pris sous forme d'impôts ; les riches, majoritaires à fréquenter les lieux culturels - théâtres par exemple - ainsi que les universités, profitent eux aussi du système au moyen des aides et des diverses subventions versées par l'Etat aux organismes suscités. L'observation du monde politique et des résultats sur le terrain montre qu'en réalité, tout le monde tente de s'enrichir au dépend de tout le monde ; l'ensemble sous l'égide des hommes politiques et de certains fonctionnaires - payés avec des impôts prélevés sur les citoyens -, les hommes politiques se chargeant de justifier ces activités par des prétextes tels que "la lutte contre la pauvreté" ou encore "la justice sociale" alors qu'en réalité le jeu qu'ils défendent est tout à fait différent de ce que proposent les associations constituées volontairement qui elles aident vraiment les plus démunis d'entre nous, sans fanfare ni trompette.

Au delà du fait que la "solidarité" étatique soit moralement condamnable malgré les vertus dont elle se pare, elle est par ailleurs contre-productive et inefficace. La solidarité telle qu'elle est mise en oeuvre désincite au travail - ceux qui travaillent étant taxés et ceux qui ne travaillent pas étant subventionnés - ainsi qu'à l'épargne - puisque plus on est riche plus on est taxé, seule source véritable de richesse. Les agents économiques - individus mais aussi entreprises - sont plus tentés par la possibilité de s'enrichir sur le dos des autres en captant telle ou telle subvention à son profit plutôt que de s'associer entre individus et d'innover pour produire de nouvelles richesses. La solidarité étatique sonne donc la fin de la civilisation.

La solution libérale est l'abolition des systèmes de "solidarité" étatique. Seuls les actes de charité volontaire peuvent être considérés comme étant solidaires. De manière générale, si aujourd'hui les citoyens sont honnêtement attachés à la lutte contre la pauvreté, la situation n'a pas raison de changer dans une société libérale ; les hommes, responsabilisés, ont la possibilité et la capacité de s'organiser volontairement sous forme de mutuelles - comme c'est d'ores et déjà le cas - ainsi que sous forme d'associations d'aides aux plus démunis, dont la plupart sont d'essence privée. Les problèmes liés à la nature d'un système public sont alors éliminés ; le système étant privé, il est impossible de tenter de s'enrichir aux dépends des autres individus ; par ailleurs, l'organisation est alors beaucoup plus flexible et efficace à la différence d'un système étatisé - puisque responsabilisé.

Merci à Chitah et à Alphonse.D pour leur participation à l'écriture de cet article

Les "libertarian kids" déboulent sur la Toile

Bienvenue sur ce nouveau blog, intitulé en hommage aux boutades de Chitah, "Libertarian Kids". Puisque DocMacToast et moi-même nous distinguons par notre âge très avancé (sic!). Ce blog est le début d'une collaboration entre nous deux, notamment pour faire part aux lecteurs de nos réflexions à propos du libéralisme. Mais bien entendu, personne n'oubliera la catégorie "Détente", succeptible d'être également bien garnie. :D

Bonne lecture à tous!